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Retour sur les opérations extérieures en cours (2022)

Marie Bérénice BERERD, chargée de mission Relations internationales/Droit

Inès BOIVIN, chargée de mission Relations Internationales à l’AISP/SPIA



Le 23 octobre est commémorée la Journée Nationale des Opérations Extérieures (OPEX), journée créée par la FNAME-OPEX en 1985. Cette association a pour finalité de rassembler les militaires français ayant participé à des opérations extérieures effectuées dans divers pays en conflit. Ces militaires français ont pour mission de défendre les intérêts de la France hors de son territoire.


Cette journée a donc été créée pour se souvenir des 773 soldats morts en OPEX, dont 598 morts pour la France. Elle met également à l’honneur les 450 000 soldats ayant servis en OPEX depuis 1969 et a pour but de soutenir les 7000 soldats actuellement en opération en OPEX .


Cette date a été choisie en reconnaissance de la génération OPEX de Beyrouth de 1983. Ce jour-là, le 23 octobre, eut lieu un attentat au poste Drakkar où 58 militaires ont été tués sous les décombres d’un bâtiment.


Actuellement, la France est engagée dans cinq conflits. L’envoi de l’armée en OPEX est un pouvoir régalien du Président de la République garanti par les articles 5 et 15 de la Constitution du 4 octobre 1958. Depuis la modification des dispositions de l’article 35 de la Constitution par la réforme constitutionnelle du 23 juillet 2008, un contrôle parlementaire limite le pouvoir présidentiel. Le Parlement doit donc être informé de tout engagement de l’armée dans une opération extérieure et des débats peuvent être organisés pour discuter de chaque situation. En cas de prolongation de l’intervention supérieure à 4 mois, l’autorisation du Parlement est requise.


C’est ici une limitation du pouvoir présidentiel accordé en 1958 par la Constitution de la Vème République. Il y a une réelle volonté de répartir les pouvoirs entre les différentes institutions de la Vème République et de se détacher de la volonté première du gouvernement du Général de Gaulle qui était la prééminence du Président de la République.


Depuis 1978, la France est engagée dans l’opération DAMAN, nom de la participation française de la FINUL (Force Intérimaire des Nations Unies au Liban, cadre des résolutions 1701 et 2373). Cette opération couvre l’ensemble de la zone Sud-Liban.



Leur mission est double. C’est tout d’abord une force de réserve (Force Commander Reserve) qui constitue le principal moyen de réaction, de dissuasion et de coercition dans la zone. Il s’agit aussi d’aider les forces libanaises dans le cadre de missions d’observation et de reconnaissance des forces armées libanaises et de former les soldats libanais.


Depuis le 23 octobre 2021, les militaires envoyés en OPEX sont sollicités pour remplir leur mission qui est de contribuer à la Paix au Sud-Liban. Tout au long de l’année, tous les corps d’armée sont actifs lors des entraînements. L’équipe médicale s’est entraînée à plusieurs reprises et notamment dans le cadre de l’exercice de grande ampleur MASCAL où l'objectif était de tester les capacités d’accueil, de tri et de soins des pays participants en cas d’afflux massif de blessés. La FCR (Force Commander Reserve) s’est entraînée aux tirs à plusieurs reprises aux côtés de la force armée libanaise, dont les tirs en mer. L’exercice de surveillance aéromaritime BREEZE, en mer Noire, organisé annuellement par la marine bulgare, a à nouveau eu lieu.


La seconde OPEX en cours, prénommée CHAMMAL, a débuté le 19 septembre 2014. Cette opération rassemble plus de 76 nations et cinq organisations. Son but principal est de combattre Daech en coordination avec le gouvernement irakien.



Un an plus tard, la zone d’intervention de l’opération a été étendue à la Syrie, en raison de la menace terroriste pesant sur la France; la Syrie étant la zone depuis laquelle Daech planifie et organise ses attaques.


En effet, après les attentats à Paris en 2015, les Nations Unies ont décidé d’adopter la résolution 2249. Cette résolution a pour but de combattre la menace terroriste, quelle que soit sa nature (Daech ou les groupes armés associés à Al-Qaïda).


L’opération CHAMMAL se compose de deux piliers : le pilier appui destiné à soutenir les forces irakiennes, et le pilier conseil consacré à la stabilisation de la région.


Dans le cadre du premier, depuis 2014, l’armée de l’Air et de l’Espace déploie sans interruption des avions, dont 11 Rafale. Leur but est d’aider les troupes au sol, de les renseigner, de mettre en place des reconnaissances armées et des frappes planifiées, afin de rendre les forces armées irakiennes autonomes.


En chiffres, l’opération CHAMMAL c’est : 12 000 sorties aériennes, représentant 46 000 heures de vol, 1 560 frappes détruisant 2 400 objectifs en Irak ou en Syrie, et en moyenne 10% des missions aériennes de cette coalition ont été effectuées par des avions français.


Du côté maritime, une frégate est présente en quasi continue autour du porte-avions Charles de Gaulle.


Grâce aux interventions menées dans le cadre du second, les forces irakiennes ont déjà atteint une autonomie considérable. Depuis 2020, ce pilier ne cesse donc d’évoluer. Une entité est chargée de la politique de conseil transmise aux hautes autorités militaires irakiennes.


Cette opération est de grande importance et est très prometteuse. Déployant près de 600 militaires français, elle se caractérise par sa cohérence et son interopérabilité, permettant une compréhension mutuelle ainsi qu’une optimisation sur le terrain. Multiples entraînements sont actuellement en cours avec des avions F-16 irakiens dans le cadre de l’opération Inherent Resolve (OIR).


Depuis 2013, la force armée française est envoyée au Sahel dans le cadre de l’opération SERVAL puis BARKHANE. Cet engagement avait pour but de stabiliser la situation au Mali qui subissait l’attaque d’armées terroristes à Bamako. Cette opération s’est étendue à l’Ouest de l’Afrique dans le but de lutter contre le terrorisme, notamment dans la région du Sahel. La France a reçu le soutien d’autres États européens. Par la résolution 2100, le Conseil de Sécurité crée la MINUSMA (Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation du Mali). Elle assure encore aujourd’hui une mission de protection des populations contre les groupes armés terroristes et œuvre pour la Paix dans la région du Sahel et du Sahara.



Le 18 février 2022 le président français Emmanuel Macron a officialisé le retrait des troupes françaises au Mali suite au dernier coup d’Etat. Celui-ci avait abouti par l’arrivée au pouvoir d’une junte militaire influencée par le groupe mercenaire russe Wagner et a amené à un “sentiment antifrançais”. Suite à la décision de retrait des forces françaises, fortement influencée par les mercenaires russes, le président Vladimir Poutine a déclaré la guerre à l’Ukraine. Cette situation mena la France à déployer des troupes en Europe orientale dans le cadre de l’opération AIGLE. La moitié des militaires ont quitté Gao pour rentrer en France tandis que le reste des militaires assurent le transport du matériel jusqu’au 15 août 2022, date à laquelle les derniers militaires français ont quitté le Mali après des années d’intervention française dans la zone.


Cette décision pose la question de l’avenir de l’opération BARKHANE qui avait débuté par l’intervention française au Mali. Les militaires français ne sont pas tous partis de la zone, le convoi militaire a traversé 400 km afin de réinstaller leur base au Niger d’où les opérations seront menées dès à présent.


La mission LYNX lancée en 2017 a pour but de rassurer les alliés de l’OTAN en Europe Centrale et de l’Est se sentant menacés par la Russie. Les forces militaires de l’OTAN se sont déployées en Pologne, Estonie, Lettonie et Lituanie. Le détachement français présent sur la zone compte deux cents soldats.


En mars 2022, face au conflit entre la Russie et l’Ukraine, l’armée française décida de déployer des troupes en Roumanie, plus particulièrement le bataillon “fer de lance”, sur la base Mihail Kogălniceanu. Cette mission, surnommée AIGLE, renforce le dispositif engagé lors de la mission LYNX et agit pour l’appui de la posture dissuasive et défensive de l’OTAN. Elle engage 800 militaires dont 300 belges et a pour but d’éviter que ce conflit ne se propage au-delà des frontières ukrainiennes. La France joue un rôle important dans cette mission de part sa participation au commandement et à l’armement. Actuellement en entraînement afin d’être préparé au mieux à riposter en cas d’attaque, cette mission reste néanmoins très incertaine. En effet, le conflit étant très récent, les soldats ne peuvent se projeter quant à la durée de cette OPEX. Cette mission se caractérise aussi par son caractère historique et nouveau, interrogeant donc sur les qualités d’organisation des armées et amenant les bataillons à repenser leurs connaissances afin de s’adapter au mieux au conflit.


En somme, la force armée française se tient prête à défendre les intérêts de la Nation et de ses alliés aux quatre coins du monde. La France appuie son statut de septième puissance militaire et continue à s’imposer sur la scène internationale en réagissant activement aux conflits et situations géopolitiques.




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