Regain de tensions en péninsule coréenne, un conflit qui dure
Par Maëlle Norroy
Chargée de mission relations internationales à l'AISP/SPIA

L’histoire d’une séparation
La péninsule coréenne est aujourd’hui connue comme étant bordée par deux Etats distincts, la Corée du Sud et la Corée du Nord. Cette séparation de la Corée remonte à la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Déjà occupé par le Japon depuis 1910, le territoire coréen se retrouva une fois de plus sous l’influence de puissances extérieures à partir de 1945, bien que la conférence de Moscou[1] vint reconnaitre son indépendance à la fin de la guerre. Le pays du matin calme se retrouva alors dans une situation particulière, n’appartenant ni aux vainqueurs, ni aux vaincus. Les membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU décidèrent rapidement de le placer sous un conseil de tutelle[2] afin de concrétiser le projet d’un état démocratique. Les soviétiques occupèrent le Nord, les Etats-Unis le Sud, avec pour ligne de démarcation le 38ème parallèle. L’objectif originel devait voir les deux administrations se rejoindre à terme afin de créer un seul et même gouvernement de la Corée. Cette procédure, avec ses élections démocratiques générales et son administration unique ne verra jamais le jour face aux désaccords soviéto-américains.

Le territoire devint vite l’un des théâtres de la Guerre Froide. La guerre de Corée, conflit opposant les deux zones d’occupation de 1950 à 1953, représente certainement l’une des oppositions les plus directes entre les Etats-Unis et l’Union soviétique. En Corée du Nord, est placé au pouvoir l’ancien résistant anti-japonais communiste Kim Il-sung ; au Sud, c’est l’ancien leader nationaliste Yi Seug-man qui gouvernera. La proclamation de la République populaire de Chine par Mao Zedong en octobre 1949 représenta un appui de taille pour le bloc communiste et par extension pour la Corée du Nord. Si le Sud possède la supériorité technologique liée à son accord de défense avec les Etats-Unis, le Nord est bien en supériorité numérique à cette période et réussit à s’emparer de presque toute la péninsule en juin 1950. S’enchaînèrent alors plusieurs vagues d’invasions des deux côtés où de nombreuses personnes perdurent la vie. C’est en effet deux millions et demi de coréens qui périrent durant cette guerre, dix pourcents de la population totale du pays.
L’armistice de Panmunjom sera signé le 27 juillet 1953 par la Corée du Nord et la Chine d’un côté et les Nations-Unies de l’autre. La Corée du Sud n’a de fait jamais ratifié cet armistice, les deux pays sont donc techniquement toujours en guerre. Cette période impacta durablement le pays du matin calme et des répercussions demeurent, pour Séoul, pour Pyongyang et même bien au-delà de la péninsule.
Un refroidissement croissant des relations