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Quelles conséquences immédiates pour le retrait anticipé des forces américaines d'Afghanistan ?


Le président des Etats-Unis, Joe Biden, annonçant le retrait des troupes américaines d’Afghanistan, le 14 avril 2021, depuis la Maison Blanche, à Washington. (ANDREW HARNIK / AFP) Mercredi 14 avril, le président américain Joe Biden annonçait le retrait total des troupes américaines basées en Afghanistan d’ici le 11 septembre 2021, une date évidemment très symbolique. Selon lui, il était temps de « mettre fin à la plus longue guerre des États-Unis ». Cette décision vient modifier le précédent accord conclu le 29 février 2020 à Doha par l’administration de D. Trump avec les représentants talibans. Ce traité visait alors un départ des troupes sous quatorze mois avec comme date butoir le 1er mai 2021. En échange, les talibans avaient consenti à 4 concessions[1] : un cessez-le-feu, des garanties de sécurité pour le retrait progressif des forces étrangères, l’ouverture de négociations avec le gouvernement afghan et enfin un engagement à ce que l’Afghanistan ne serve jamais de base à l’organisation d’entreprises terroristes menaçant la sécurité des États-Unis ou de leurs alliés.

Cette décision, prise sans concertation avec les autres pays membres de l’OTAN, a poussé les pays partenaires des États-Unis dans la région à réagir. Dans un communiqué[2] suivant la déclaration américaine, l’Alliance a annoncé un départ complet de ses troupes encore sur place d’ici à « quelques mois ». Les pays les plus engagés en Afghanistan étaient alors les Etats-Unis avec 2 500 militaires, l’Allemagne avec 1 300, l’Italie avec 895, le Royaume-Uni avec 750 et la Turquie avec 600 hommes. Ces cinq pays déployaient à eux seuls 6 000 des 9 592 militaires engagés sur place par 36 États membres de l’OTAN[3].

Cette annonce de l’administration américaine a également entraîné de vives réactions auprès des représentants talibans. La conférence internationale sur l’Afghanistan qui devait initialement se dérouler du 24 avril au 4 mai à Istanbul, a été reportée à la mi-mai, officiellement en raison des célébrations du ramadan[4]. Cette réunion devait permettre le rapprochement ainsi que la relance des négociations entre les autorités officielles d’Afghanistan et les Talibans. La semaine précédente, ces derniers avaient fait savoir qu’ils ne participeraient à aucune négociation temps que toutes les troupes étrangères n’auraient pas quitté le territoire afghan. Ce refus de participer à des négociations organisées sous l’égide de l’ONU ne laisse pas présager un réchauffement des relations entre les deux parties. Les conséquences pour le pays, une fois les troupes alliées parties, pourraient s’avérer désastreuses pour le gouvernement en place.


En outre, le 6 mai 2021, l’administration américaine a annoncé, une nouvelle fois sans prévenir ses alliés afghans et occidentaux, sa décision d’avancer la date du départ de ses troupes au 4 juillet[5]. Face à la recrudescence des violences et pour tenter de maintenir le processus de paix, les États-Unis ont décidé de quitter le territoire afghan prématurément. Les puissances occidentales, à l’instar du gouvernement officiel d’Afghanistan, sont donc dans l’obligation de s’adapter à l’agenda imposé par Washington. La communauté internationale redoute les conséquences pour les autorités locales d’un départ précipité des forces alliées. En effet, de nombreuses rixes armées sont à signaler et le gouvernement n’est pas en position de tenir son rang face aux différentes offensives insurgés[6]. Les dernières semaines ont été marquées par une forte recrudescence des violences, les groupes talibans n’acceptant pas que les troupes occidentales n’aient toujours pas quitté le territoire afghan. Le 8 mai, une série d’explosion à l’encontre d’une école pour filles à Kaboul a fait une cinquantaine de morts et près d’une centaine de blessés dont de très nombreuses étudiantes