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Lever le voile sur les bébés volés pour la Journée internationale de l’Enfance

Article rédigé par Inès Boivin

Officier de Liaison Internationale au sein de l'AISP/SPIA,

avec l'expertise d'Iris Fajon et Parrine Zarra, stagiaires psychologues





Ce mercredi 23 novembre était célébrée la Journée Internationale de l’Enfance. Cet article se concentre donc sur le cas des enfants volés dans le monde des années 1940 à 2000. Plus la parole se libère et les sciences de la génétique évoluent, plus les cas de bébés volés durant cette période sortent au grand jour. Multiples sont les pays concernés par de tels trafics et différentes motivations sont en jeu en fonction du lieu et de la période.

Bien que ces trafics concernent 18 pays au jour d’aujourd’hui, certains ont subi ces trafics plus que d’autres et en ont fait des affaires d’Etat qui sont discutées ici. De plus, un aspect psychologique sera intégré à cet article afin de réfléchir aux différents maux que de telles pratiques engendrent, à tous les niveaux, pour tous les acteurs concernés.


Une des raisons les plus récurrentes pour le vol de bébés dans les pays sous dictature est l’éducation et l’éradication d’une classe jugée intolérable, impensable.

En effet, en Espagne, des années 1940 à 1950 (officiellement, mais ces vols pourraient s’être étendus jusqu’aux années 1980), sous Franco, plus de 30 000 enfants (les estimations justes allant jusqu’à 300 000) sont retirés à leurs mères pour des raisons idéologiques. Comme dans la plupart des cas d’enfants volés, les nourrissons sont déclarés mort-nés à leurs parents et placés dans des familles franquistes grâce à la complicité des personnels hospitaliers et sous l’égide de plusieurs autorités religieuses. Ces vols ou “déplacements”, sont soutenus par les thèses controversées d’un psychiatre franquiste, Antonio Vallejo Nagera. Sa théorie du “gène rouge” voulait que, dès la victoire de Franco en 1939, les nouveau-nés de femmes communistes emprisonnées ne pouvaient être éduqués par celles-ci et devaient être enseignés une idéologie contraire à celle de leurs parents par leur famille ou institution catholique adoptive ; il fallait réformer les “enfants rouges”.

De même, de 1976 à 1983, en Argentine, l’Etat avait mis en place un “plan systématique” pour voler les bébés des opposants politiques à la dictature militaire. Par conséquent, ces idéologies ont dégénéré en commerce de bébés pour des familles stériles et riches pendant plusieurs années.


De telles idéologies et affaires d’Etat existent dans beaucoup de pays, sans différence de moyens ou de développement. Au Guatemala, en 1990, des enfants furent volés lors du conflit armé entre militaires et guérillas marxistes. La quantité d’enfants volés pendant cette période porte à questionner ce qu’il est advenu de ces bébés. La plupart de ceux ayant compris de quel système leur adoption découlait s’en sont surtout rendu compte par des concours de circonstance, des effets du destin, ainsi que par la lecture d’articles ou le visionnage de documentaires sur le sujet. En effet, ces adoptions illégales durant les dictatures restent des secrets de famille tabous.


Après investigation, plusieurs procès ont eu lieu contre les facilitateurs de ces opérations. En Espagne, c’est le Docteur Eduardo Vela, alors âgé de 85 ans en 2018, qui a été accusé d’avoir volé, entre beaucoup d’autres, Inés Madrigal en 1969, après avoir déclaré le bébé décédé auprès de sa mère. Celle-