La politisation de l'environnement : la résistance des communautés riveraines en Amazonie
Par Ana Flávia SANÇÃO, chargée de mission communication au sein de l'AISP/SPIA
Dans notre société, il y a plusieurs types de communautés. Quelques-unes sont plus connues, parfois même célèbres en raison de leur façon de vivre. Il y a, toutefois, des communautés inconnues, cachées dans les ombres du monde, dont on entend jamais parler : les peuples aborigènes, autochtones indigènes, les groupes ethniques minoritaires et traditionnels. Ainsi, ce travail abordera les villages riverains de l’Amazonie qui gardent, au milieu de la qualité de vie précaire à laquelle ils sont soumis, un savoir précieux sur la forêt, le fleuve, la nature et l’être humain à l’état le plus brut.
Pour commencer on doit expliquer ce qui est une communauté riveraine. Ce n’est pas assez simple de dire qu’elles sont des populations qui habitent sur les berges des fleuves, une fois qu’elles représentent beaucoup plus.
Les communautés amazoniennes sont nées à partir du mélange entre les peuples qui ont participé à la colonisation de la région et les autochtones indigènes de l’Amazonie qui y habitaient déjà. Elles se sont installées sur les berges du Amazonas et ses igarapés et igapós* et là elles ont construit des villages et des peuplements.
Aujourd'hui, les ribeirinhos - le nom donné aux peuples riverains - ne sont pas reconnues comme des villages autochtones, mais comme des peuples traditionnels, vu que leur héritage n'est pas seulement indigène. En février 2007, le gouvernement brésilien a reconnu l'importance des riverains pour le développement durable de l'Amazonie par le décret numéro 6040.
Les communautés riveraines font partie de la pluralité des réalités amazoniennes. Leurs traditions et cultures sont l'union avec celles des peuples autochtones, qui vivent dans la forêt, et qui sont à l’origine du pays qu'on appelle le Brésil. Elles ont leurs propres systèmes, leurs propres modèles d'organisation sociale - et tout cela est strictement lié à l'Amazonie.
C’est de l’Amazonie qu’elles tirent leur subsistance, à travers la pêche, l’agriculture et des activités comme le caoutchouc. Le fleuve est leur référence car elles vivent de l’eau. Le poisson est leur principale protéine, le bateau leur moyen de transport. La rivière est leur voisine la plus précieuse, vers laquelle sont orientées les façades de leurs maisons sur pilotis.
Leur utilisation des ressources naturelles est un exemple pour ceux qui étudient le développement durable, parce que leur style de vie, même impliquant la consommation des ressources forestières, n'est pas violent ou préjudiciable à l'environnement.
Toutefois, si dans un contexte les ribeirinhos font partie de la culture amazonienne, dans un autre contexte ils survivent dans des conditions parfois insalubres.
Le manque d'accès aux droits fondamentaux :
Si l'eau potable, l'accès au système de santé public et à l'éducation de base sont des droits inhérents à toute personne née dans le monde selon la charte des Nations Unies, les ribeirinhos peuvent être considérés comme exclus. Cela n'est pas la réalité pour toute communauté traditionnelle amazonienne, mais elle demeure récurrente dans plusieurs d’entre elles.
L'eau, la ressource naturelle la plus essentielle, est parfois retirée directement du fleuve, ou elle est récupérée dans un point central qui rassemble plusieurs communautés. L'eau du fleuve peut être contaminée par des bactéries, des virus et d'autres types de maladies que même en la bouillant, il ne suffise pas pour la stériliser.
L’alimentation est basique, surtout du poisson, qui vient de la pêche de subsistance, et de la farine de manioc, les deux aussi utilisés comme source de revenu pour les familles. Le climat de la région, qui empêche le cultive de certains aliments, la stricte variété des produits alimentaires et la qualité discutable de l'eau potable mettent en risque la santé des individus.
L’accès au système de santé publique est un problème central dans les peuplements riverains. En raison de son style de vie et de la région où ils habitent, ils sont vulnérables à divers types de maladie comme le paludisme, la dengue, la fièvre jaune, la maladie de Chagas etc. La religion et la culture locale jouent aussi un rôle important, une fois que les ribeirinhos souvent cherchent des guérisseuses plutôt qu’un médecin.
La concentration des unités de santé publique est surtout urbaine, et la difficulté pour se transporter - tout est fait par bateau - est un autre découragement pour les ribeirinhos. Même avec les programmes gouvernementaux, on peut compter au moins neuf, certaines communautés sont assez cachées dans la forêt amazonienne pour que l’accès des professionnels de santé puisse être facilité.
Au-delà des problématiques cités, il y a encore les conflits avec la construction des barrages qui augmente le niveau d'eau des fleuves en impactant la vie des ribeirinhos. Les maisons sur pilotis ont une structure parfois précaire, parfois sans ou avec électricité temporaire. Donc, une inondation peut détruire tout un village et même tuer les habitants.
Le changement climatique, l’Amazonie et le danger pour les communautés traditionnelles:
Les inondations peuvent être causées par les barrages, mais les incendies, non. Avec le changement climatique, les périodes de sécheresse sont plus longues et plus dangereuses pour les feux forestiers. Chaque année la situation s'aggrave : en 2022, jusqu'à septembre, il y a eu 76.587 incendies en Amazonie, 1.497 en plus qu’en 2021. La fumée s'est étendue jusqu'aux états du sud-est et du sud du Brésil**.
Comme si cela ne suffisait pas, les agriculteurs et les mineurs continuent de mettre le feu, de déboiser la forêt, endommageant également les rivières, et d’être une menace violente aux communautés traditionnelles, en affectant la vie de ceux qui respectent et vivent en paix avec l'Amazonie.
Nonobstant, la vie des riverains est aussi menacée par les politiques publiques du gouvernement brésilien dirigé par le président Jair Bolsonaro, qui a même récemment déclaré que l’un des responsables des incendies qui détruisent la forêt est les ribeirinhos***.
Dans les traditions séculaires et avec des costumes mélangés, les ribeirinhos d’Amazonie font partie essentielle de la culture et de la vie de la région. Différemment d’autres groupements qui y habitent, comme les mineurs et les grands agriculteurs, leurs habitudes de consommation et d’utilisation des ressources de la forêt ne la mettent pas en danger.
La préservation des communautés traditionnelles est devenue aussi utile pour le savoir scientifique et l’étude des nouvelles méthodes de développement durable pour la forêt amazonienne. Néanmoins, la négligence du gouvernement et la violence contre la nature sont alarmantes et préjudiciables pour leur survie.
Si on pense toujours à comment sauver l’Amazonie, penser à comment maintenir la subsistance des communautés traditionnelles et autochtones indigènes est primordial. Dans leurs savoirs sur la nature et leur culture, on peut trouver la réponse correcte pour corriger nos fautes avec la forêt.
Et il est temps de le reconnaître.
* Les igarapés peuvent être traduits comme un type de ruisseau du fleuve Amazonas, tandis que les igapós sont des petites rivières dans la forêt qui s’étendent pendant la période de pluie, comme une inondation.
Bibliographie :
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FGV. “Pesquisa faz diagnóstico sobre danos à moradia de comunidades ribeirinhas na Região Amazônica”. Direito. Modifié la dernière fois le 5 janvier 2022. https://portal.fgv.br/noticias/pesquisa-faz-diagnostico-sobre-danos-moradia-comunidades-ribeirinhas-regiao-amazonica
Lucileide Feitosa. “O dilema do acesso à água potável na Amazônia”. Porta Amazonia. Modifié le 12 juillet 2021. https://portalamazonia.com/amazonia-ribeirinha/o-dilema-do-acesso-a-agua-potavel-na-amazonia
Renan França. “BRÉSIL. Vivre sur les rives du plus grand fleuve du monde”. Courrier Internationale. Modifié le 27 janvier 2015. https://www.courrierinternational.com/article/2015/01/22/embellie-pour-les-riverains-de-l-amazone
Santos Nunes, Júlia Graziele, Jessica de Sousa Vale, Natalí Máximo dos Reis, e Douglas Pereira do Nascimento. “População ribeirinha e promoção da saúde”. Revista Científica Da Faculdade De Educação E Meio Ambiente 13. (edespmulti) (2022). https://revista.faema.edu.br/index.php/Revista-FAEMA/article/view/1012.
Talita de Melo Lira et Maria do Perpétuo Socorro Rodrigues Chaves. “Comunidades ribeirinhas na amazônia: organização sociocultural e política”. Interações 17, no. 1 (2016) : 66-76. https://doi.org/10.20435/1518-70122016107