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La Guerre Russo-Ukrainienne : une Multiplicité d’Enjeux

Dernière mise à jour : 29 juin 2022

Ecrit par Noémie PANET, membre de l'association "Le Vide Juridique" (Lyon III)


Photo: Getty Image via BBC News


La volonté d’indépendance de l’Ukraine s’est traduite massivement dans les urnes le 24 août 1991, où 90,5% des Ukrainiens ont voté en faveur de cette dernière, souhaitant « l’indépendance de la République et la dissolution du parti communiste »[1]. Prévoyant la nationalisation de toutes les entreprises publiques, l’émission d’une monnaie et la constitution d’une armée distincte, cette déclaration d’indépendance faite au Parlement de Kiev s’inscrit dans la continuité de celles des trois pays baltes : la Lituanie, l’Estonie et la Lettonie.


Seulement quatre mois après la déclaration d’indépendance ukrainienne, les États issus de la dissolution de l’URSS adoptent la déclaration d’Alma Ata, confirmant dans un premier temps la disparition de l’Union soviétique, puis le respect de chacun des principes de souveraineté étatique, du droit inaliénable à l’autodétermination, de non-ingérence dans les affaires intérieures, de non recours à la menace ou à l’usage de la force armée, de règlement pacifique des différends, ainsi que le respect des droits de l’Homme et des minorités. En résumé, chaque nouvel Etat s’engage à respecter les normes universellement reconnues du Droit international public.


Cependant, malgré la participation de la Fédération de Russie aux différents accords régissant les relations entre les États successeurs, Vladimir Poutine déclara en 2005 que la chute de l’URSS fut la plus grande catastrophe géopolitique -ou une catastrophe majeure selon les traductions- du XXe siècle. Effectivement, le « retour vers l’Europe » désiré dès Leonid Kravtchouk et l’adoption d’un mode de vie plus libéral et démocratique pour l’Ukraine, animèrent les relations diplomatiques russo-ukrainiennes d’une certaine animosité. Dans la continuité de la politique novatrice du premier Président ukrainien, la révolution orange de 2004 confirma le souhait du pays de démocratiser ses instances gouvernementales en accordant aux citoyens le droit de choisir leurs dirigeants par le biais d’élections libres, honnêtes et régulières. Répondant au mouvement de démocratisation présent dans l’ordre juridique international post Guerre Froide, ce renforcement de l’État de droit était déjà mis en avant par l’Assemblée générale des Nations Unis pour la première fois en 1988, dans une de ses nombreuses résolutions portant sur la nécessité de telles élections[2].


Ainsi, la présidence de Viktor Iouchtchenko (2005-2010) se singularisera par un rapprochement concret de l’Ukraine à l’Union européenne, à travers notamment la politique européenne de voisinage matérialisée par des accords bilatéraux de nature politique. Son successeur, Viktor Ianoukovytch entamera une nouvelle étape dans le processus de rapprochement du pays avec l’Union en élaborant un projet de coopération dont la création d’une zone de libre-échange fut l’objet. Cependant, considérant ces relations diplomatiques naissantes comme des provocations, Vladimir Poutine sanctionna commercialement et lourdement l’Ukraine, menant à l’abandon du projet de coopération et à de nouveaux soulèvements populaires : les manifestations Euromaïdan.


L’ingérence russe en Ukraine trouvera son apogée en 2014, avec l’annexion de la Crimée, péninsule située au Sud du pays et à l’Ouest du kraï de Krasnodar. Cédée à l’Empire russe en 1792 avec le traité d’Iaşi, la péninsule fit l’objet d’un référendum s’agissant d’un nouveau rattachement à la Fédération de Russie cette fois-ci, dans un contexte où seulement 15 % de la population se considère ukrainienne[3]. Le résultat positif de ce referendum sera considéré invalide par la majeure partie de la communauté internationale en raison du non-respect manifeste de l’intégrité territoriale de l’Ukraine due à l’occupation armée, et fera l’objet d’une résolution en ce sens de la part de l’Assemblée générale des Nations Unies[4].


Désignées sous le nom de Printemps russe[5], les manifestations anti-Maïdan dégénèreront en une insurrection armée séparatiste opposant les prorusses au gouvernement ukrainien de Viktor Ianoukovytch. La guerre du Donbass, considérée comme une guerre hybride alliant opérations de guerre conventionnelle, de guerre asymétrique et de cyberguerre[6], mènera six ans plus tard à la reconnaissance de l’indépendance autoprocl