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La Biélorussie au paroxysme des dérives : un futur « état paria » ?

Le 23 mai dernier, le président biélorusse Alexandre Loukachenko ordonnait le détournement aérien d’un vol civil opéré par la compagnie britannique Ryan Air, forçant son atterrissage à Minsk pour un supposé risque terroriste. Alors que celui-ci opérait une liaison aérienne entre Vilnius et Athènes[1]. A l’atterrissage la vérité est toute autre, aucune menace imminente justifiant un atterrissage anticipé à Minsk, mais un homme identifié par le régime de Loukachenko comme terroriste. Arrêté manu-militari avec son épouse, cet homme n’est autre qu’un des plus fervent opposant au régime, ancien rédacteur en chef du média d’opposition Nexta, Roman Protassevich vivait jusqu’alors en exil, craignant pour sa propre vie[2]. Le danger imminent, un prétexte pour justifier une manœuvre politique de grande ampleur, témoignage de la ferveur avec laquelle le président Loukachenko souhaite venir à bout de toute dissidence.


La communauté internationale réagit, condamne et sanctionne Minsk


Les réactions internationales n’ont pas tardé à pleuvoir sur la Biélorussie, même si celles-ci ne semblent pas faire trembler l’autocrate Loukachenko, exerçant actuellement son sixième mandat à la tête du pays. Fort du soutien sans faille de son homologue russe, lui aussi au cœur des controverses ces dernières semaines. Suite à l’arrestation de l’opposant biélorusse, les États européens dénonçaient conjointement avec ferveur cet acte qualifié de « terrorisme d’État ».


En outre, les dirigeants européens se sont accordés sur la prise de sanctions économiques ciblées sur des entreprises biélorusses mises en cause quant à leur financement du régime présidentiel. En addition à la fermeture pour la Biélorussie de l’espace aérien européen. Une répression réaffirmée, s’ajoutant à la longue liste des mesures prises à l’encontre du régime de Minsk, notamment en lien avec ses multiples violations des droits de l’Homme. À l’image de celles prises lors des violentes répressions des manifestations anti-régime. Le président américain Joe Biden, l’Organisation des Nations Unies (ONU) et le président du Conseil de l’Europe réclamant dans la foulée la libération de Roman Protassevitch. Demande de libération, suscité par la crainte de torture de celui-ci, en dépit de la publication d’une vidéo sur le réseau social Telegram d’une vidéo de l’opposant russe récemment incarcéré affirmant être traité « correctement » et coopérant avec les autorités[3].



Une arrestation dans le sillage du climat de terreur instituée par le régime


Le 18 mai dernier, le principal média indépendant TUT.by était bloqué par le régime, suivi par l’arrestation d’un grand nombre de ses rédacteurs, celle-ci justifiée par une prétendue « fraude fiscale ». Bien qu’en réalité il s’agisse d’une nouvelle coercition du président Loukachenko à l’encontre de quiconque se porte critique du régime. Un phénomène inquiétant la communauté internationale assistant depuis 2020 à un durcissement de la répression, tandis que le ras-le-bol du peuple Biélorusse s’élève graduellement d’année en année. Une intensification s’illustrant par la signature courant mai, d’une loi autorisant les forces de l’ordre à faire usage d’armes à feu et autres matériels militaires afin de disperser les manifestants. Loi prolongeant celle sur la défense de l’État conférant l’impunité aux forces de l’ordre et facilitant la condamnation judiciaire de citoyens participants à des manifestations[4].


Une politique jugée par le politologue biélorusse Pavel Oussov comme le meilleur moyen de faire perdurer le régime, cité par la Nezavissimaïa Gazeta « La terreur collective et la dictature constituent le meilleur moyen de stabiliser le système. Plus il y aura d’exécutants dociles, plus le régime perdurera. »




Les élections biélorusses d’août 2020 moteur de la gronde populaire et internationale


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