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L’impact du COVID-19 sur l’économie pétrolière et la géopolitique de l’énergie mondiale.

Dernière mise à jour : 14 juin 2021



Ce lundi 20 avril, le cours mondial du pétrole a connu une chute sans précédent sur les principales places boursières du monde. A New York, le prix du baril de pétrole brut est même momentanément passé à un prix négatif de -37,63$. La situation s’explique par deux facteurs. D’un côté, une offre surabondante engendrée par une guerre des prix menée entre l’Arabie Saoudite et la Russie, deux superpuissances pétrolières. De l’autre, une demande atone, entrainée par la paralysie d’une grande partie de l’activité mondiale pour faire face à la propagation du COVID-19. L’effondrement des prix du pétrole pendant ce qui restera connu comme le « black April » laisse alors entrevoir des conséquences économiques et géopolitiques graves, en voici un horizon.


COVID-19 et effondrement des prix.


Les répercussions de la pandémie sur les prix de l’or noir sont disproportionnées pour plusieurs raisons. Pour stopper sa propagation, le confinement des populations et l’interdiction des mouvements ont fait partie des premières mesures prises par la majorité des gouvernements du monde. Comme le souligne Fatih Birol, directeur de l’AIE, ces mesures restrictives ont donc participé à paralyser l’industrie des transports, grands demandeurs de pétrole à l’échelle mondiale.


Les compagnies aériennes elles-mêmes, qui ont été contraintes d’annuler ou suspendre l’immense majorité de leurs vols commerciaux, expliquent une grande partie de l’effondrement de la demande en pétrole, et in fine de son prix.

L’effet de l’épidémie sur le cours de l’or noir est d’autant plus soudain que la Chine, première consommatrice de pétrole à l’échelle mondiale, a été frappée en premier par cette crise sanitaire sans précédent, dès décembre 2019.


Pour certains experts comme Goldman, la consommation mondiale de pétrole a chuté de 26 millions de barils par jour, ce qui équivaut à une chute de 25% de la demande globale habituelle. Face à cette crise prolongée, les stocks et réserves ont atteint un trop-plein. Les géants pétroliers ont donc dû se débarrasser du pétrole produit à défaut de pouvoir le stocker, expliquant les prix négatifs à la bourse de New York, du jamais vu.


Aux États-Unis, récemment devenu premiers producteurs mondiaux de pétrole brut, l’ampleur de la crise à venir est redoutée. D’après le cabinet Rystad Energie, le maintien des prix du pétrole brut à un niveau aussi bas pourrait entraîner de nombreuses faillites au sein d’une industrie pétrolière qui emploie 825 000 personnes dans le pays, et ainsi avoir des conséquences dévastatrices sur l’emploi.


Les États-Unis ont pu obtenir leur indépendance énergétique récemment grâce aux avancées techniques de l’extraction hydraulique, gagnant en productivité et abaissant ainsi les coûts de production. Par conséquent, le pays a pu se libérer de sa dépendance énergétique face aux puissances du Moyen-Orient ou d’Amérique Latine, expliquant également le récent tournant isolationniste pris par leur politique extérieure. Cependant, l’extraction hydraulique ayant toujours un cout de production élevé, le pays a besoin d’un cours du pétrole haut, et ne peut lutter durablement contre la crise actuelle. Les enjeux économique et géopolitique sont donc majeurs, et urgent, pour les Etats Unis, comme pour l’ensemble des producteurs mondiaux, mêmes les plus pro