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6 février : Journée internationale de tolérance zéro à l'égard des mutilations génitales féminines



Quel que soit le conflit, la religion ou les coutumes, un certain pouvoir est détenu par les autorités sur le corps de la femme.

Dans beaucoup de pays et de traditions, ce pouvoir se manifeste par la mutilation des parties génitales féminines.


Aujourd’hui, le 6 février, a été choisi comme Journée Internationale de Tolérance Zéro à l’égard des Mutilations Génitales Féminines, par l’Assemblée Générale des Nations Unies en 2012.


Qu’est-ce que les Mutilations Génitales Féminines ?

Les Mutilations Génitales Féminines (MGF) sont des interventions consistant à altérer et/ou léser les organes génitaux de la femme, à des buts non médicaux. Ce pourquoi les Nations Unies ont désigné cette journée c’est parce que ces agissements représentent une violation des droits humains, des femmes et des filles. Ces mutilations violent les droits à la santé, à la sécurité et à l’intégrité physique ainsi que le droit à la vie lorsque ces pratiques ont des conséquences mortelles.


En théorie, à quoi servent ces MGF ?

Dans certains pays et certaines communautés, les MGF sont vues comme un moyen d'asservir la sexualité des filles. Elles sont aussi une garantie de virginité, chasteté et fidélité étant censées réduire la libido et dissuader d’entretenir des relations sexuelles avant le mariage ou extra-conjugales. Ces mutilations sont donc un prérequis au mariage ou à la succession, elles sont nécessaires à l’éducation car elles préparent à l’âge adulte et au mariage. Après l’ablation de ces parties de l’anatomie vues comme “malpropres”, “non-féminines ou masculines”, les filles sont considérées “propres” et “belles”.

Néanmoins, ces pratiques ne sont aucunement prescrites par les religions ou un pouvoir supérieur même si certains les encouragent ou au contraire tentent de les éliminer. Elles sont un rite de passage ancré depuis toujours dans les traditions de certaines communautés.


Qui pratique les MGF ?

​​La plupart du temps, ce sont des circonciseurs traditionnels qui pratiquent l’intervention. Ces “professionnels” jouent un rôle central dans les communautés notamment en tant qu’accoucheurs. Dû aux croyances erronées que l’intervention est moins dangereuse si elle est médicalisée, la plupart des circonciseurs sont du personnel médical.


Qui subit les MGF ?

Les MGF, d’où leur nom, sont pratiquées sur les filles et les femmes. Elles sont presque toujours pratiquées sur des mineurs. De ce fait, les MGF violent les droits de l’enfant et de la femmes, les droits à la santé, à la sécurité et à l’intégrité physique, le droit d’être à l’abri de la torture et de traitements cruels, inhumains ou dégradants. Car oui, ces pratiques sont considérées comme de la torture ou des traitements cruels, ne respectant pas le consentement et finissant parfois par causer la mort.


Quels sont les bienfaits ou les dangers ?

Aucun bienfaits, que des dangers.

L’ablation des tissus génitaux normaux et sains endommage ces tissus et entrave le fonctionnement naturel de l’organisme féminin. Il y a 4 types de mutilations différentes qui dépendent de la quantité de tissus enlevés. De ce fait, plus l'intervention est importante, plus les risques de complications augmentent. A court terme, les complications sont manifestées par des douleurs intenses, des saignements excessifs, des infections et des difficultés à uriner. À long terme, la santé sexuelle et reproductive et la santé mentale des femmes sont gravement atteintes.

De plus, ces pratiques ont des coûts pour les Etats. Le coût des traitements des complications s’élève à 1,4 milliard de USD ($) pour les 27 pays donnant accès à leurs données.


Quelles régions du monde sont touchées par ces pratiques ?

Ce problème est concentré en majorité dans 30 pays d’Afrique et du Moyen-Orient. Il est aussi possible de trouver des communautés pratiquant des MGF dans certains pays d’Asie, d’Amérique du Nord et d’Océanie. Cependant, ce sont souvent des communautés migrantes des pays d’Afrique et du Moyen-Orient.

Pour en savoir plus sur les pays pratiquant les MGF, consultez les différents portraits de pays via ce lien.


Y a-t-il des avancées dans l’élimination de ces pratiques ?

A l’échelle mondiale, la prévalence a diminué ces 25 dernières années.

En effet, 1 fille a 3 fois moins de risque de subir une MGF qu’il y a 30 ans. Cependant, cette diminution est menacée par les dernières crises humanitaires que notre planète a pu subir. Les épidémies, le changement climatique et les conflits armés pourraient entraver l’avancée de l’élimination des mutilations d’ici 2030. En effet, lors de l’épidémie du COVID-19, le personnel soignant était trop occupé par le virus et ne pouvait que très peu s’occuper des mutilées, ou manquaient du matériel adéquat pour intervenir de manière saine. De nombreux hôpitaux ou cliniques ont dû fermer, la peur de contracter le virus menait les femmes à ne pas consulter, etc. Le FNUAP anticipe donc une réduction d’un tiers dans la progression vers l’élimination des MGF; 2 million de cas de MGF pourraient arriver dans les 10 ans à venir à cause de cette crise.


L’objectif de développement durable 5 et l’action internationale

Les MGF sont des pratiques millénaires ancrées dans les traditions mais le but serait d’y mettre fin en une seule génération. Beaucoup d’association s’engagent à éduquer et à se battre contre ces pratiques comme l’OPROGEM, une organisation de lutte contre les mutilations génitales féminines en Guinée, dirigée par Marie Gomez et Sylla Amara.


Source : UNFPA


En 1997, l’OMS a publié une déclaration conjointe avec l’UNICEF et le FNUAP condamnant cette pratique.

Premièrement, ce combat a été inclus dans l’objectif de développement durable 5 à l’horizon 2030 : égalité entre les sexes. Afin d’être mené à bien, plusieurs programmes ont été mis en place.

Le plus grand programme mondial est celui du FNUAP (fonds des nations unies pour la population) en collaboration avec l’UNICEF. Il souhaite accélérer l’élimination des MGF et a décidé que le thème de la journée 2023 serait “partenariats avec les hommes et les garçons pour transformer les normes sociales et de genre afin de mettre un terme aux mutilations génitales féminines”. Pour se faire, ce programme se concentre sur 17 pays d’Afrique et du Moyen-Orient (la moitié des pays concernés) et soutient certaines initiatives régionales et mondiales.



Deuxièmement, ils appellent la communauté mondiale internationale à s’associer aux hommes et aux garçons qui doivent être les ambassadeurs de ce combat et qui doivent jouer un rôle actif. Ils peuvent aider à transformer des normes sociales et de genre profondément ancrées. Il faut favoriser leur engagement afin d’éliminer cette pratique néfaste et faire entendre les voix des femmes et des filles.

Troisièmement, le programme ONU Femmes soutenu par l’Initiative Spotlight de l’Union Européenne et de l’ONU compte de nombreux activistes qui se battent au quotidien pour faire passer le message, éduquer et changer les mentalités.

Enfin, des chefs religieux et traditionnels, des agents de santé, des responsables de l’application des lois et des membres de la société civile, sont des alliés de taille pour accélérer ce mouvement. Les efforts de tous coordonnés et systématiques sont nécessaires.


Quels sont les avancements notables grâce à l’action internationale ?

Depuis 1997, des changements dans les politiques publiques et l’engagement des communautés à l’internationale ont permis d’avancer. L’engagement contre ces pratiques ne fait que croître, des organes de surveillance internationaux ont été mis en place et des résolutions condamnent ces pratiques. Les cadres juridiques ont été révisés et la volonté politique de mettre fin aux MGF est croissante. Dans la plupart des pays, les MGF ont diminué et le nombre de femmes et d’hommes favorables à leur suppression a augmenté.

En effet, 6 millions de filles et de femmes ont bénéficié de services de prévention, de protection et de soins liés aux MGF. 45 millions de personnes ont déclaré publiquement abandonner cette pratique et, par conséquent, 532 158 filles n’ont pas eu à subir de mutilations.

Comment mentionné précédemment, cette année la Journée Internationale est centralisée sur l’action des hommes et a mené à la création du #MenEndFGM (les hommes arrêtent les MGF).




Quels sont les risques toujours présents ?

Bien que l’action internationale, le militantisme et la pénalisation de ces pratiques évoluent, beaucoup de filles et de femmes courent des risques au quotidien dans le monde entier.

Par exemple, en 2023, 4,32 millions de filles risquent de subir des MGF. Les taux d’opposition à l’élimination de cette pratique chez les hommes en Érythrée, Éthiopie, Guinée et Soudan sont toujours très importants. Et, malgré la mise en avant des risques de ces pratiques, environ 1 femme ou fille sur 4 est mutilée par un prestataire de santé, soit 52 millions dans le monde.


Quelles solutions pour avancer ?

Il faut continuer de s’engager, partout. Ce n’est pas parce que cela ne nous touche pas et que nous ne le voyons pas que nous ne devons pas faire notre part du travail.

Il faut continuer d’éduquer aux risques et tenter de raisonner les personnels de santé pratiquant les MGF avant tout.

Il faut soutenir les hommes qui sont les agents du changement.


Portrait d’une militante française

La chanteuse franco-malienne Inna Modja, victime de ces pratiques, s’engage à leur élimination. Le lundi 8 février 2016, à l’occasion de la Journée Internationale, la chanteuse était à l’ONU New York pour raconter son expérience et sa résilience grâce à la chanson. Elle explique que la discussion et l’éducation sont les clés du changement. Malgré son optimisme sur l’élimination de ces pratiques, elle témoigne. À l’âge de 4 ans et demi, alors que ses parents étaient contre, elle subi cette mutilation qui reviendra la chambouler à l’adolescence, la questionner sur sa propre identité en tant que femme. Elle a dû travailler longuement sur elle-même pour se reconstruire physiquement, grâce à la chirurgie, et psychologiquement, grâce à la chanson.

Inna Modja est maintenant l’ambassadrice de ce combat auprès des Nations Unies en espérant que son discours touche les siens au Mali et dans d’autres pays, jusqu’à l’adoption d’une loi contre l’excision.



Source : RFI, la chanteuse et mannequin franco-malienne Inna Modja.


Inna Modja n’est pas la seule victime à s’engager à l’international pour l’élimination de ces pratiques. Beaucoup d’autres travaillent dans l’ombre pour mener à bien cette action et il est de notre devoir aussi de lutter contre ces pratiques.

Aujourd’hui en l’honneur de cette Journée Internationale, partageons le #MenEnfMGF, mais aussi au quotidien.




SOURCES


Nations Unies, 2018. Assemblée Générale : Intensification de l’action mondiale visant à éliminer les mutilations génitales féminines. Rapport du Secrétaire général.


Nations Unies, 2023. Journée internationale de tolérance zéro à l’égard des mutilations génitales féminines.


Organisation Mondiale de la Santé, 2023. Mutilations sexuelles féminines : Principaux faits.


RFI, 2016. Inna Modja devant l’ONU : “On se dirige vers la fin de l’excision


UNFPA, Female Genital Mutilation.


UNFPA, 2020. Impact of the COVID-19 Pandemic on Family Planning and Ending Gender-based Violence, Female Genital Mutilation and Child Marriage.


UNFPA, UNICEF, 2020. Donner les moyens aux jeunes filles et aux femmes de mener le changement. Programme conjoint UNFPA-UNICEF pour l’élimination des mutilations génitales féminines : accélérer le changement.


UNFPA, UNICEF, 2022. 2021 Annual Report of FGM Joint Programme.


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